Les démons, la rouleuse et le pousseur

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Qu’on le veuille ou non, être cloîtré nous oblige à faire face à nos démons : aucune porte de sortie n’est disponible. Et le soir venu, quand tout devient silencieux, ils débarquent armés et prêts au combat.

Un de ces petits démons, Solitude, s’est montré particulièrement déterminé et insistant au cours des dernières semaines. Doublement armé, il m’attaqua tant sur le fait d’être prise entre quatre murs, que d’être célibataire depuis trop longtemps.

Amis, famille et même clients furent d’une aide inespérée pour combattre les assauts sur le premier front. Merci d’ailleurs à chacun d’entre vous qui avez prit le temps de venir me voir et de m’aider dans mes déboires.

La seconde arme par contre, est plus acérée et le combat contre mes démons s’avère plus difficile, surtout quand on est l’otage de son lit. Mais n’empêche, j’ai décidé de combattre ce démon à armes égales… Après tout… j’ai tout mon temps pour me trouver un copain sur le web!

Ayant déjà testé les réseaux de rencontre par le passé, c’est avec un peu d’expérience derrière la cravate que je m’attaquai à nouveau à ce monde virtuel. Premièrement, fini les descriptions romantico-positivo-idéalistiques : je suis ce que je suis, alors écrivons-le! Ce n’est pas très vendeur, mais ça a le mérite d’être clair et ça éloigne les indésirables. 😉

C’est alors que je reçu un message d’un canoteur qui m’avait reconnue, des suites d’une rencontre fortuite au Festival d’eau-vive de la Haute Gatineau en août dernier. Un simple bonjour avait suffit pour que mon visage s’imprègne dans sa mémoire. Je vais prendre ça comme un super compliment. 😉

Tous deux amateurs d’eau-vive, on a commencé à parler canot, kayak, puis de comment se passaient nos saisons respectives. Réticente au début, j’ai fini par avouer que ma saison s’était terminé 7 semaines plus tôt et que je vivais désormais entourée de dizaines de grands-parents adoptifs.

Sans une ni deux, il me proposa de venir me voir au centre de réadaptation. Euh… quoi??? Eh merde!! Avouez quand même qu’il ne faut pas avoir peur du ridicule pour accepter une telle proposition… Ma journée douche était il y a deux jours, je porte le même linge depuis 7 semaines, j’ai une repousse (mèches) d’au moins 1 ½ pouces, je suis en chaise roulante et j’ai les deux chevilles fracturées, prises dans des plâtres…..

Et puis je me dis… « Ah pis d’la marde ostie… »  Go!

C’est ainsi qu’avec un mélange d’anxiété, de curiosité et de « merde, dans quoi je me suis embarquée », j’attendis, couchée sur mon lit d’hôpital, qu’un parfait inconnu rencontre une parfaite inconnue, dans la chambre C226.

Et il arriva bel et bien, gâteau au fromage et tartelette de chez Première Moisson à la main. Détrompez-vous messieurs-dames, ce ne sont pas seulement les hommes qu’on peut attraper par leur estomac, car je dirai que mon estomac féminin ne resta pas étranger à cette délicate attention! D’ailleurs, au moment où j’écris ces lignes, je déguste ladite tartelette…

Le plan initial était d’aller dans un parc tout près, mais la température frileuse et la pluie eurent raison de mes desseins de grandes folies. C’est donc au Presse-Café que nous nous rendîmes, lui poussant « gentlemenement » ma chaise roulante sur les trottoirs croches de Montréal. Bon, d’accord… il lui fallu apprendre les rudiments de la conduite de chaise roulante, mais je suis prête à lui décerner sa carte de niveau 1.

Une soirée très agréable, en excellente compagnie. Comme quoi, avoir peur du ridicule nous empêche parfois de vivre des moments mémorables.

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