Voler comme les super héros

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Vivre à l’hôpital m’aura fait redécouvrir Montréal et ses festivals. Grâce aux Francofolies, j’ai pu assister à de nombreux concerts et évidement… avoir plusieurs péripéties! La soirée la plus mouvementée fut de loin celle des Loco Locass. Déjà, le groupe laissait présager une soirée haute en couleurs… Ajoutez-y Catherine Blanchette, une chaise roulante et des super héros, et ça donne un résultat mémorable!

Le tout commence normalement : des amis viennent me chercher et on arrive tôt pour avoir une place près de la scène. À 20h15, je pars en mission toilette préventive. Mon ami me propose son aide, que je refuse gentiment : je commence à connaître le coin! Je quitte donc avec ma chaise roulante pour le Complexe Desjardins, en prenant soin de prendre quelques points de repères précis pour le retour.

Je suis de retour à 20h45. La foule est vraiment plus dense… J’arrive à me faufiler, mais je ne peux pas voir les têtes! Je retrouve l’endroit où on était, mais pas mes amis… Je me mets en position « chien de prairie » (à genoux sur ma chaise roulante), mais rien n’y fait : je ne les retrouve pas et j’assisterai donc seule au spectacle! J’ai une bonne vue sur l’écran géant de droite, mais ma vue avant se résume aux épaules et fessiers masculins (vue quand même intéressante je dois l’admettre!). Derrière, j’ai deux dames de 60 ans qui redécouvrent leur adolescence et qui prennent un plaisir évident à crier et se tortiller.

Le spectacle est excellent. Les gens sautent, dansent, et ma chaise roulante se fait aller au rythme des deux dames derrière qui s’appuient dessus en dansant. Et puis, « Vlang », je reçois un coup derrière la tête. Je me retourne et vois un super héro en collant… euh non… deux super héros! Vêtus de bleu « Québec » de la tête aux pieds (même le visage était couvert), ils n’ont pas traîné longtemps, se fondant dans la foule. Je comprends alors qu’ils étaient en train de surfer sur la foule et que le « trou » laissé par ma chaise roulante fut la fin de leurs hautes voltiges. Pas de mal de mon côté, mais un sentiment d’euphorie grandissante. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit de si près des super héros!

Et puis arrive la minute de silence. Tous un chacun s’assoit, sauf… moi! Étant déjà assise, je ne pouvais m’asseoir plus bas…. Cachée au fond de la foule depuis le début de la soirée, je me retrouve alors toute en lumières, dépassant de 2 pieds la totalité des dizaines de milliers de personnes présentes! Un peu mi-figue mi-raisin, je lançai un « désolée de vous cacher! » aux gens derrière moi, accueilli pas plusieurs rires. Sitôt relevée, la foule entre en transe au son des premières notes de « Libérez-nous des libéraux ».

Le spectacle terminé, la foule gonflée à bloc part manifester. J’attends quelques minutes pour voir si je ne retrouverais pas mes amis, puis j’abandonne et me dirige à nouveau vers les toilettes. J’entends alors « Catherine? ». Je me retourne et fait la rencontre fortuite de nouveaux amis! Bises aux joues et quelques « c’est incroyable de se rencontrer ici » plus tard, on décide d’aller terminer la soirée au Saint-Sulpice.

Arrivés sur St-Denis, on tourne sur la rue des 3Brasseurs pour accéder à la terrasse par l’arrière. Mon pousseur désigné se prend alors d’une envie de vitesse et accélère. Un peu surprise, je me prends au jeu et crie. Les petites roues d’en avant ballotent, alors je me penche en avant croyant les stabiliser et prends une position « aérodynamique ».

Et puis, tout à coup, tel les super héros, je me mets à voler.

Les deux roues avant de la chaise roulante ont bloqué net, tout comme la chaise roulante. N’ayant pas mis ma ceinture de sécurité, je littéralement été catapultée dans les airs. Et avant que j’ais le temps de réaliser ce qui se passe, j’ai déjà mis les pieds à terre et fais 3-4 pas. Quand je réalise le tout, je me jette au sol sans autre cérémonie.

J’avais droit à 25% de poids sur mes chevilles… On s’entend que marcher, c’est du 100%! Je prends donc quelques instants pour évaluer la situation : pas de douleur aiguë, pas de sang, pas d’œdème. On semble avoir réussi à éviter le pire… Je rembarque sur ma chaise roulante et me dirige vers la terrasse, histoire de prendre une bière et décanter un peu! Malgré un service 5 étoiles d’un serveur du St-Sulpice qui brave la fontaine pour nous trouver une table, je quitte un peu plus d’une heure après. La douleur se fait plus forte et mes pieds ont enflé.

Énergisée par la soirée et le vol plané, j’attaque les trottoirs de St-Denis décidée. La faible pente continue me procure une vitesse de croisière intéressante. Tout va bon train, jusqu’à ce que, au détour d’un bloc de béton, un homme sorte de nulle part avec ses 2 chiens. Le réflexe est instantané : je bloque mes roues et arrête net, à moins de 15 cm des chiens. Même les passants font le saut et sont soulagés de voir que l’impact a été évité!

L’homme me laisse passer et je reprends ma route, non pas sans avoir la patate dans le tapis. Décidément, ce soir, c’est sportif! Je fini par terminer mon slalom géant en un morceau. Je mets de la glace et me couche les pieds dans les airs.

Au moment d’écrire ces lignes, je suis en mesure de confirmer qu’il y a eu plus de peur que de mal. Les fractures ont résisté au choc et la guérison poursuit son court.

Je suis prête pour le Festival de Jazz, mais laisserai les dessein de super héros de côté !!!! ;0)

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